Effervescence de sensations renouvelées et chargées de charme, les œuvres de l’artiste-peintre marocaine Siham Bellak opèrent avec jubilation à partir d’une gamme chromatique vive et ensoleillée. Une fête de couleurs qui se veut aujourd’hui le fruit de sa quête intérieure en vue d’allier les sentiers nouveaux du volume et l’éclat du jaillissement de sa palette à mi chemin entre figuration et abstraction.
Objets de décoration, horloges, dessins sur bois….les œuvres récentes de Siham Bellak affichent surtout tout le talent de cette plasticienne, lauréate d’une école supérieure d’architecture d’intérieur (ESAI) à Rabat. D’une diversité déroutante, ses travaux possèdent le sens de l’universel atemporel. Elles sont en somme d’une limpidité chromatique considérable. Et la fantaisie qui caractérise sa liberté d’expression demeure quasiment lyrique. D’où sa peinture, peu à peu transcendée et alchimisée par une expression volontaire faite de décision, de liberté et d’émotions, dans des compositions bien recherchées, qui permettent à l’artiste de s’affranchir du réel classique, au profit d’une réalité moderne, dynamique et attachante par sa singularité. S’appuyant sur plusieurs techniques, cette plasticienne, ayant fait des études en arts appliqués à Toulouse, en France, considère son art comme un procédé de création très instinctif, pulsionnel. Son art est en mouvement, en ébullition constante sans règles établies. Ici, chaque tableau est une découverte, mais aussi une nouvelle expérience picturale pour son créateur. En chargeant un peu ses tableaux, on peut avancer qu’une telle pratique n’a de cesse de réaliser un programme idéologique, en même temps qu’esthétique, de réhabilitation des notions d’identification et de reconnaissance. Là, c’est d’ailleurs la grande force de la forme constante de notre artiste, qui n’appelle pas à la contestation interprétative.
Chacune de ses œuvres change la perception de l’espace comme l’artiste questionnait comment la peinture peut faire paysage par l’intensité des couleurs et du geste qui, pour elle, doit être généreux et dont la simplicité de l’acte doit inspirer le contemplateur. Grande et fluide, cette gestuelle simple et spontanée invite à la création. Cette vitalité généreuse se traduit par l’usage des couleurs vives et des matériaux simples. Et cette fluidité est au centre du travail de Siham qui ne souhaite jamais parler de monumentalité de l’œuvre mais tient à préserver une échelle humaine afin de ne pas mettre de distance avec les récepteurs. Et si dans l’histoire de l’art, ce travail peut évoquer l’importance de la naissance de la perspective notamment dans le lien anthropogène -art contemporain, notre plasticienne y expérimente une notion nouvelle de la perspective par une forme d’anamorphose. La couleur y apporte de l’émotion et change la perception de l’espace. Ainsi qu’une mise en abîme de la fluidité poétique dans cette démarche pour pénétrer dans un paysage créé par l’artiste, créatrice d’un monde propre à elle. Sur un fond coloré abstrait, Siham traite majoritairement de sujets sociaux, philosophiques, artistiques, spirituels, poétiques, entre autres, de par son engagement vis-à-vis des grandes questions de l’humanité.
La notion du temps, par exemple, est omniprésente notamment à travers les horloges qu’elle crée dans un parfait somnambulisme gestuel sans pour autant en perdre la maitrise de ce qui fait l’essentiel de son sujet. Une « matériologie » toute de tendresse, de réflexion, et l’ordre nait de la lenteur qui aura présidé à la mise en place des couches, textures, d’une sorte d’épiderme pictural. Cette approche réflexive situe sa démarche dans les périphéries de l’art contemporain marocain. De toile en toile, un territoire s’impose. A nul autre semblable, à lui-même fidèle. Dans la logique de sa pratique, de ses aspects, où l’effet de ses émotions s’est fondu dans la matière, la couleur et la lumière. Si bien qu’au terme d’un voyage pictural qui se place sous le signe du transcendantalisme, c’est une matériologie murmurante qui nous est offerte.
Ces deux approches combinent en une heureuse synthèse, à la fois paysages de l’esprit et états d’âme, structures stables et éléments mobiles, assises horizontales et mouvements obliques, strates solides et couches liquides. Déplacements de plaques tectoniques, glissements de terrains, déferlements de vagues se laissent enserrer entre les limites définies par le statisme de bandes chromatiques inférieures et supérieures. Ainsi s’exprime la dualité du vide et du plein dans une esthétique singulière, libre et qui est tout à fait subordonnée aux diktats du marché. Il faut dire que pour Siham, désormais, chaque toile est une gestation et une naissance qui requièrent dépouillement et silence. Dans un parfait mariage de couleurs froides et chaudes, se dessine ainsi un art infiniment nuancé, composé de trames parcheminées et de respirations feutrées, de biffures et de frottis estompés, de césures et d’ouvertures rétrécies, stabilisés par des verticales innervées dans la fluidité des textures. Un univers fluide et compact, tantôt sévère et ombrageux, tantôt vivement coloré et joyeux, toujours harmonieux.
Ayoub Akil
Journaliste, critique d’art
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